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vendredi, 24 mars 2017

FAIRE BARRAGE AU F.N.

Il m’est impossible de comprendre pourquoi dix millions de Français ont passé la soirée de lundi 20 mars devant leur télé. Comme s'il pouvait sortir quoi que ce soit de nouveau d'un spectacle aussi lamentable. Cet appétit dévorant qui pousse une telle masse de gens à se jeter sur un tel plat de nouilles flasques me paraît proprement ahurissant. Vraiment, voilà les gens que les citoyens osent consentir à croire dignes de gouverner la France ? Eh bien franchement, le tableau n’est pas joli-joli et laisse entrevoir un avenir qui est tout sauf rassurant, quel que soit l’élu. Une population vautrée devant ce paysage de ruine, franchement, de quoi avons-nous l'air ?

Je sais bien que la perspective de voir la Le Pen accéder au trône présidentiel est très inquiétante. Mais soyons sérieux : comment en est-on arrivé là ? Au lieu de beugler « Au secours ! » devant la menace et d’appeler à « faire barrage au Front National », comment ne voit-on pas que si la Le Pen n’a jamais été aussi près du pouvoir, c’est que les politiciens des deux bords, droite et gauche réunies, l’ont bien voulu. Non, disons carrément qu'ils ont tout fait pour arriver à ce moment, parce qu'ils ont perdu de vue le sens de l’Etat à mesure qu’ils prenaient goût à l’exercice du pouvoir.

Comment ne voit-on pas que le succès de ce parti (qui n'est pas, en fin de compte, un parti politique, mais une petite entreprise qui n'aspire qu'à grossir), sur lequel la même famille règne depuis le début, a été fabriqué de toutes pièces par la veulerie, l’incompétence, et parfois la vilenie des deux forces qui se partagent le pouvoir depuis quarante ans. Si le Front National semble (je dis "semble") à même aujourd’hui de l’emporter, cela découle logiquement, presque mécaniquement de cette longue pratique. Au pays des Lilliputiens politiques, les nains sont rois. La décomposition à l’œuvre dans le fumier de la vie politique française produit nécessairement la pestilence Le Pen.

Plutôt que d’appeler au secours (qui répondrait à cet appel ?), c’est un cri de colère qui aurait dû s’élever à l’encontre des cinq "débatteurs" de lundi 20, et de toute cette classe politique devenue, au fil du temps, une caste, pour ne pas dire une mafia, avec ses conventions tacites, ses us et coutumes, ses adoubements, ses calculs, ses marchandages. Les membres de la confrérie ont eu le temps de tisser des relations avec tous ceux qu’ils estimaient en mesure de favoriser leur réélection, hommes d’affaires, hommes d’influence, hommes des médias, professionnels de la communication, etc.

Qu’appelle-t-on un « système », ce mot  tant prisé de tous les candidats qui se proclament en dehors ? Je le définirais comme un réseau d’interdépendances si serrées que toutes les pièces de la machine fonctionnent solidairement, puisque chacune a un besoin vital de toutes les autres pour que l'ensemble fonctionne : l'existence lubrifiée de chacune conditionne la pérennité de toutes les autres. C'est ça, un « système ». On dit que toutes les pièces « se tiennent ». Les individus n’y peuvent rien : c’est une structure. Si les individus ne le sont pas tous, c'est la structure qui est pourrie.

C’est précisément le tableau que nous avons sous les yeux, institutions comprises, dont chacun a appris à respirer l’air et à mettre en œuvre à son profit les leviers qu’elles offrent. A cet égard, tous les candidats sont partie intégrante du « système » qu’ils se plaisent à dénoncer, même Poutou et Arthaud, dont le but est avant tout de fidéliser leur clientèle, maigre par nature, voire étique, pour ne pas dire cachectique (prononcer "kakektik").

A cet égard, tout le monde a bien raison de dénoncer le « système », mais on se garde en général comme de la peste d’en formuler les conséquences logiques. C’est tout le « système » qu’il faudrait mettre à bas. La colère et le dégoût que devrait inspirer le paysage politique français ne s’adressent donc pas aux individus, même si certains d’entre eux ont des comportements particulièrement répugnants.

Colère et dégoût ne devraient pas non plus, si l’on était un peu lucide, mettre la Le Pen en position d’être choisie : ce n’est pas d’elle que peut venir le renouvellement, tant elle a d’impatience de chausser les pantoufles du « système », pour le faire fonctionner à son profit et à celui de ses amis, quitte à ruiner le pays que celui-ci structure (comme le promet son programme). La colère et la haine, disait le cardinal de Retz, ne doivent pas étouffer la réflexion ni l'intelligence. Mais « les peuples » (comme dit Retz), en sont-ils capables ?

Alors quoi ? Fonder la « sixième République » ? Mais la République dont les révolutionnaires de 1792 ont accouché était ardemment désirée par tout un peuple. En 2017, où est le peuple ? Quelles sont ses attentes ? Comment se porte-t-il, moralement et intellectuellement ? On me dit que les sondages accordent toujours à Fillon un socle incassable de 18-20% d’électeurs qui lui restent fidèles malgré tout ce qu’on sait du personnage. C’est ça, le peuple français, vraiment ?

Après l’affaire OM-VA (1993), on a bien vu Jacques Mellick réélu à Valenciennes, comme s’il n’avait rien fait de mal. Et ne parlons pas de Levallois-Perret et des réélections constantes de Balkany, ou de Corbeil-Essonnes et de Serge Dassault, deux adeptes du clientélisme à l’état aigu, et du ver corrupteur dans le fruit national. Un peuple qui se laisse acheter en échange de quelques babioles ne mérite-t-il pas son sort ? Que veut aujourd’hui le peuple français, pour autant qu’il existe ? Le sait-il lui-même ? Comme on le voit, il n’y a pas que la perspective Le Pen qui m’inquiète : le "peuple français" (que plus personne de sérieux n'ose invoquer) n'est guère rassurant non plus.

Qui, aujourd’hui, a la moindre idée des ressorts sur lesquels il faudrait agir pour sortir de cette énorme pataugeoire ? Qui, aujourd’hui, est à la dimension du problème ? Sans parler de susciter l’unanimité, sans en appeler à je ne sais quel improbable "homme providentiel", autour de quelle « idée de la France » un homme avisé aurait l’intelligence, l'envergure, la force et l’audace de fédérer ne serait-ce qu’une majorité de Français autour de sa vision ? Ce qu'on appelait en d'autres temps un caractère ? Je veux dire un homme d'une trempe à se faire des ennemis de haute qualité, non des roquets de caniveau mordeurs de mollets ? Larrouturou ? Asselineau ? Cheminade ? Dupont-Aignan ? Soyons sérieux. Quant aux cinq du « débat » du lundi 20, je n’ai aucune envie d’épiloguer.

« Il n’est pas de sauveur suprême / Ni dieu, ni césar, ni tribun », dit un vieux tube de la chanson populaire, que les chœurs ouvriers entonnaient autrefois à la fin des banquets copieusement arrosés de rouge (liquide ou claquant au vent) et des grandes cérémonies. Mais on ne saurait se passer de ce que j’appellerai faute de mieux « volonté collective » (laissons de côté J.-J. Rousseau et sa "volonté générale").

Je me demande d’ailleurs si elle n’est pas là, la cause première du mal dont souffre la France. Un pays où triomphe la lutte de toutes sortes de « minorités » pour la « reconnaissance de leurs droits » (je ne refais pas la liste des auteurs de la grande fragmentation, qui sont les méchants), un pays où trop de monde a perdu de vue le principe national, seul socle assez homogène et rassembleur, disons-le : un pays où règne une telle discorde est pris entre tant de forces centrifuges que je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait le faire sortir de la nasse.

"Faire barrage au Front National" n'est aujourd'hui que le minable refrain chanté par le minable comportement de toute une caste de complices, qui se sont de longue date partagé le pouvoir et les places. Le constat effrayant d'une longue imposture. Comme disait ma voisine Mme L. quand on avait bénéficié d'un très beau temps pendant plusieurs jours d'affilée : « On va l'payer ! ».

Mais sans doute ne suis-je qu'un innommable décliniste, un défaitiste odieux, un fataliste cloacal.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : ainsi Fillon se lance dans la surenchère. Son but : attiser le feu de la haine. Voilà qu'il accuse Hollande d'entretenir un "cabinet noir". Il s'appuie, pour l'affirmer péremptoirement, sur Bienvenue place Beauvau, un livre écrit par trois auteurs, journalistes, dont deux du Canard enchaîné. L'un de ces deux, Didier Hassoux, vient de démentir catégoriquement. Il a déclaré publiquement qu'il est impossible, dans ce livre, de trouver la moindre trace du moindre complot ou du moindre "cabinet noir", et que si celui-ci existe, c'est exclusivement dans le moindre cerveau de François Fillon.

Flagrant délit de mensonge, donc ! François Fillon est un menteur ! Dieu sait pourtant que je n'aime pas François Hollande, mais il faut comprendre que l'accusation de Fillon est une pure et simple stratégie de la destruction, sans doute inspirée par l'expérience acquise sous Sarkozy, qui était spécialiste en matière de clivage et d'hostilité entre les groupes sociaux. Cela sert autant à enfumer qu'à galvaniser les troupes avant l'assaut. La logique de cette stratégie, si elle est poussée jusqu'à son terme, ce n'est rien d'autre que la guerre civile. Bravo, le présidentiable.

A ma connaissance, il existe dans le monde un seul "cabinet noir" : celui de monsieur Jean-Henri, dans La Rubrique-à-Brac de Gotlib.

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On ne sait pas assez que le vieux Gepetto, avant sa marionnette chérie Pinocchio, avait fait un premier essai, mis sous le boisseau par Carlo Collodi, mais heureusement revenu au jour suite aux recherches de Gotlib, réussi pour ce qui est du façonnage du bois, mais complètement raté sur le plan moral. Voilà où finira l'infect garnement : dans le cabinet noir de M. Jean-Henri. Jean-Henri Fabre (1823-1915) est un célèbre entomologiste. Avis à tous les infects garnements ! Ils finiront dans le "cabinet noir" de Monsieur Jean-Henri, bouffés par une colonie de "termites du Sénégal septentrional" (Gotlib, au sujet de ces termites, semble être allé jusqu'à trouver des sources dans la littérature scientifique produite par un certain Lepage).

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mardi, 21 février 2017

QUEL PRÉSIDENT ?

Qui sera le prochain président de la République française ? Sera-ce une présidente ? Les politologues se perdent en conjectures ? Un brouillard épais bouche l’horizon du paysage politique de la France ? Il faut bien reconnaître que tout ce qui structurait le paysage jusqu’à maintenant a atteint les limites de la décomposition cadavérique : les mouches et les vers s’en donnent à cœur-joie et s’empiffrent à qui mieux-mieux (« Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,/ D'où sortaient de noirs bataillons/ De larves, qui coulaient comme un épais liquide/ Le long de ces vivants haillons », Une charogne, Charles B.). Il y aurait lieu de s’en réjouir, si les conséquences ne risquaient pas d’être aussi néfastes pour le pays.

Non, il n’y a pas lieu de se réjouir de l’infâme merdier dans lequel patauge la politique en France depuis quarante ans. Ce qu’on peut dire, c’est que le merdier actuel marque le dernier stade d’un processus qui n’a pas cessé. Parmi les ferments qui l’ont provoqué, je citerai en premier lieu l’homogénéité sans cesse plus grande du personnel politique : peu à peu il s’est composé de gens conformes à un seul et unique modèle, à cause (soit dit pour simplifier) de la prégnance de l’ENA dans leur formation intellectuelle, qui en fait moins des politiques que des directeurs d’administration. Car l'ENA forme exclusivement des gens en vue de la "préparation à la décision". L'ENA, à la base, ne forme pas des décideurs.

Car un homme politique n’est pas un gestionnaire : il laisse ce soin à des techniciens de la chose. Le premier métier du politique n’est pas de faire des budgets prévisionnels, des bilans ou des inventaires des moyens à disposition : le comptable et le technicien feront ça très bien. Son premier métier est de porter un regard sur son pays, d'imaginer comment améliorer sa situation, et avoir une idée de la place qu’il peut ou doit occuper dans le monde. L'homme politique, au sens le plus noble, doit être un inventeur, un bâtisseur, un architecte, en aucun cas un administrateur de l'existant. En un mot, il se fixe un objectif, puis il s’efforce de convaincre tout le monde que c’est là qu’il faut aller. La présidence Hollande est une illustration parfaite de tout ce que n'est pas un chef politique.

A cet égard, on peut dire que le cancer qui ronge la vie politique française s’appelle l’ENA (et équivalents), qui sert de marchepied à un nombre invraisemblable de nos actuels politiciens qui, très logiquement, sont imprégnés de la même façon de voir les choses et d’aborder les problèmes : une façon administrative. L'ENA instaure et perpétue une conception purement bureaucratique et technocratique de la politique. C’est moins la volonté, le caractère et la personnalité qui fait l’homme politique aujourd’hui, que la compétence (réelle ou supposée) apportée dans le traitement bureaucratique de dossiers. Le politicien d'aujourd'hui semble devoir être obligatoirement un intello (je n'ai pas dit "intellectuel") capable de pondre des "synthèses" (suivez mon regard). A noter que ce n'est pas parce qu'on se proclame anti-intello que les choses vont mieux (Sarkozy).

S’ajoute à cela que le recrutement du personnel politique s’opère de plus en plus en circuit fermé, selon une trajectoire de plus en plus uniformément balisée, qui fait de la France une république, non de gens qui l'aiment et qui ont envie de la servir, mais une république de premiers-de-la-classe, où les plus anciens, au fur et à mesure qu’ils s’élèvent, recrutent et adoubent de plus jeunes désireux de se lancer dans la carrière, jugés dignes de leur succéder parce qu’ils sont aptes, dociles et qu’ils ont fait allégeance et prêté serment de loyauté.

Et toutes les troupes de ce petit monde trouvent depuis quarante ans dans le Front National l'épouvantail magique qui a servi jusqu'à maintenant à légitimer leurs petits manèges et leurs petits calculs. Tous ces beaux messieurs de la droite et de la gauche (républicaines) se sont mis d'accord pour brandir l'étendard de la « lutte contre le Front National », pour étendre le beau rideau de fumée qui leur a évité de faire diminuer la taille de leurs fromages (cumul des mandats, indemnités diverses, petits honneurs, renvois d'ascenseurs, services rendus, ...). Ils tirent de leur statut très particulier un incroyable privilège, car il leur confère une aura voisine de celle qui nimbait les nobles d'Ancien régime. Pas un pour cracher dans la soupe.

Le Front National ne vaut pas tripette. Son succès apparent est un succès par défaut : c'est la médiocrité de tous les autres qui l'a en quelque sorte fabriqué tel qu'il est aujourd'hui. Donnez-moi des hommes politiques dignes et efficaces, et vous verrez le Front National rentrer dans son trou de souris. Les bonnes âmes qui prêchent la croisade contre le Front National ne me font même pas rire : ils me mettent en rage, car ils sonnent une charge contre un moulin à vent qui constitue en réalité une excellente manœuvre de diversion et qui fait oublier les véritables responsabilités.

Cette pratique quasi-féodale de la politique ne risque pas de laisser émerger des personnalités nouvelles, voire originales, ni un sang neuf irriguer les artères de la France. Ce système de recrutement des élites a littéralement stérilisé le terrain des possibles. Il suffit de regarder ce qui se trouve actuellement sur la ligne de départ dans le championnat présidentiel d’avril-mai. Je fais abstraction de tous les 0,5% incompressibles qui s'alignent à chaque fois.

A l’extrême-gauche (faisons semblant d’admettre l’appellation), avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, charrette sur laquelle les derniers survivants du PCF ont été obligés de monter, on a un bon tribun qui aime la boursouflure oratoire (il cite Victor Hugo sans s'attirer de tomates), mais un vieux cheval de retour qui, entré au PS en 1976, essaie de nous faire croire qu’il peut tout régénérer. Un histrion, quoi. Un olibrius si vous préférez.

A gauche (là encore, faisons semblant), Benoît Hamon, freluquet émané pur sucre du PS (pour Pédalo Socialiste), est le seul à présenter une idée nouvelle dans le paysage : le désormais célèbre « revenu universel », énorme fumisterie à la viabilité de laquelle lui-même fait semblant de croire, et dont seuls des gogos peuvent acheter le produit miracle vendu par ce camelot. Et ce n'est pas la rescousse écolo venue de Yannick Jadot (alias Jadot-lapin, à cause des carottes bio) et de son groupuscule gonflé à l'hélium qui convaincra les foules.

A droite, François Fillon l’ultralibéral doctrinaire, l'incarnation même de notre système politique agonisant, choisi triomphalement par son camp pour en porter les couleurs, a réussi à le couvrir d'immondices, compromettant ses chances d’élection, mais compte sur le temps qui passe pour que le dégoût s’affaiblisse et disparaisse, et que la raison calculatrice finisse par lui permettre, malgré tout, de l’emporter.

A l’extrême droite (républicaine, dit-on), Marine Le Pen actionne le vieux levier des fantasmes idéologiques légués par son papa (retour au franc, halte à l’immigration, …), dans l’espoir de faire passer au second plan la folie proprement délirante de son programme économique : baisse de plusieurs impôts, des tarifs de l’énergie, des droits de succession, et augmentation des effectifs de la police, de la gendarmerie, de l’armée, des salaires des fonctionnaires, des allocations, des pensions. Bref, d’un côté elle veut assécher les ressources de l’Etat, et de l’autre accroître démesurément ses dépenses. Autrement dit, Mme Le Pen nous refait le vieux coup du "demain on rase gratis". C’est la recette exacte de quelqu’un qui proposerait aux Français de faire faillite le plus tôt possible. Un suicide. 

N’ai-je pas oublié quelqu’un ? Ma foi, si vous y tenez. C’est quoi, Emmanuel Macron ? Franchement, vous y croyez ? Ce n’est pas sérieux. Véritable auberge espagnole de la politique, il a inscrit sur son enseigne : "On peut apporter son manger". Il n’a ni main gauche ni main droite : il ne se situe nulle part (sens exact du mot « utopie »). Lui, il est carrément « au-dessus des nuées », comme dit Baudelaire. Il n’est pas en communication, il est en communion. Là, il « se meut avec agilité » (du même Baudelaire). Capable de dire au public de ses meetings : « Je vous aime », cet ancien banquier très propre sur lui ose un jour parler de « mystique » en politique, et le lendemain manier le « crime contre l’humanité », quand il s’agit de draguer l’électorat issu de l’immigration. Voilà, Macron n’est rien d’autre qu’un vulgaire dragueur : il veut plaire, il veut séduire, tous les moyens sont bons. Il dit à tout le monde : « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? ». Je dis juste : non merci, sans façon. En résumé : c'est une baudruche.

Qu’est-ce qui ressort de ce panorama ? Un diagnostic pas brillant du tout. Pour la première fois, le Front National a une petite chance d’arriver au pouvoir. Si cela advient, gare au cataclysme. Mais ce ne serait que le résultat mécanique du dépérissement de la vie politique française, asphyxiée, étouffée, étranglée par la détention exclusive des pouvoirs par deux mafias complices pour arracher les places et les centres de décision à la délibération démocratique. Deux mafias tout aussi impuissantes l’une que l’autre à modifier un réel qui se dégrade inexorablement pour un nombre sans cesse grossissant de pauvres (c'est ce mécanisme qui a porté Trump au pouvoir aux USA).

La « colère de la population à l’égard des élites » (refrain aimablement colporté par les élites elles-mêmes, qui ont plus d’un tour dans leur sac pour embrouiller, voir dans Le Figaro l’éditorial du jeudi 10 novembre 2016, signé Alexis Brézet, et intitulé « La colère des peuples », suite à l’élection de Donald Trump) est principalement due à cette confiscation des voies d’accès démocratiques à la décision politique.

Si Marine Le Pen l’emporte à la présidentielle, les Français le devront à l’institutionnalisation d’une forme de pourriture morale qui touche structurellement l’ensemble du personnel politique, qui fait de chaque responsable et de chaque élu un pourri par fonction, quelle que soit par ailleurs l’authenticité de son intégrité personnelle, et un complice forcé de la décrépitude, car ce n’est pas la probité individuelle des individus qui empêche la décomposition d’un système qui tourne principalement dans l’intérêt de sa propre conservation.

Oui, je suis en colère contre tous les postulants aux suffrages et aux places : je vois comme tout le monde le délitement à l’œuvre. Simplement, si j’étais un Américain, je n’aurais pas voté Trump, malgré tout le dégoût que pouvait m’inspirer la défunte Hillary. Je suis un Français. Je ne me vois pas reporter mon choix électoral sur Marine Le Pen, qui préfère nous proposer un suicide national rapide, de préférence à une lente agonie (peut-être pas si lente que ça, après tout).

Voilà le choix qui nous sera prochainement offert : un vieux poisson boursouflé de soi-même qui sent la marée du siècle dernier, un freluquet dont le seul avantage est de faire semblant de sortir de l’ombre, un cacique d’ancien régime qui avoue la priorité de son amour de l’argent sur tout autre idéal, un paltoquet qui a ouvert sa doctrine à tous les vents dans l’espoir de les voir se rassembler pour gonfler ses voiles, une fille à papa addict au poker et au bluff, qui a misé gros sur le pourrissement général, dans l’intention de tirer les marrons du feu. Plus personne de sensé ne peut y croire un instant.

Dans ces conditions, faut-il voter pour le « moins pire » ? Faut-il voter ? En l’état, je m’y refuse. Je ne ferai pas le déplacement. Arrive ce qui arrive, ce n’est pas mon dérisoire 44 millionième de voix qui changera quoi que ce soit au résultat. Ils n’avaient qu’à être à la hauteur. Je me dis même qu’il faudrait 44 millions d’abstentionnistes. 

Et pourquoi pas un appel à la grève générale des électeurs ? Vous imaginez, zéro bulletin dans l'urne ?

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 11 février 2017

LES "COUPS" DU PÈRE FRANÇOIS

Lettre ouverte à tous ceux qui nous font honte d'être Français.

Les coups de projecteur sur les activités de François Fillon, et sur la réalité des inactivités grassement rémunérées de son épouse Penelope et de ses enfants Marie et Charles, ont mis en pleine lumière une bonne part de ce qui rend l'ensemble du personnel politique français vomitif et haïssable aux Français, et surréaliste aux yeux du monde, qui regarde notre pays avec effarement.

Mais si le cas Fillon suscite un tel dégoût, ce n'est pas seulement parce qu'il révèle une pourriture particulière. Car si Fillon (et beaucoup d'autres) a pu prospérer à ce point et si longtemps, c'est que tout le système politique fonctionne de façon à autoriser de telles pratiques, et quand je dis "autoriser", c'est peut-être "favoriser", voire "organiser" qu'il faut entendre. C’est tout le fruit qui est véreux jusqu’au cœur. 

Le pire dans cette affaire est que le cas particulier Fillon n'est que la caricature de mœurs très communément partagées, qui font des députés, sénateurs et ministres cette odieuse caste de privilégiés, sans parler de tous les rats mis « en réserve » (= recasés tant bien que mal pour "services rendus") dans des sinécures plus ou moins fromagères : siège dans une "Haute Autorité", au CSA, au Parlement européen, au Conseil économique et social (véritable malle au trésor réservée à tous les récompensés des "petits services"), Institut du monde arabe (pour Jack Lang), direction d'un des très nombreux "Observatoires" lucratifs mis en place depuis des décennies, et un nombre indéterminé de planques moins voyantes. La pourriture est dans les "usages", les "habitudes" et les "coutumes" en vigueur parmi les élites politiques, un pli qui a été pris avec la professionnalisation des fonctions politiques.

Les ministres suédois, quant à eux, mangent à la cantine, et les députés se déplacent à vélo et voyagent en train : de quoi tomber de sa chaise quand on compare. De quoi être écœuré jusqu'à la nausée par ce que se permet un homme qui trait les contribuables comme une vache à lait, et qui ose se présenter à leurs suffrages pour diriger le pays. 

C'est le statut actuel des hommes politiques qui doit être rayé de la carte. Le "sortez les sortants" est une poudre aux yeux. Le "dégagisme" vociféré par le vieux poisson Mélenchon est totalement illusoire s'il ne s'accompagne pas de la décision de jeter à bas la structure entière du mode de désignation des "élites" politiques. Il est frappant de constater que Mélenchon, Hamon, Valls, Fillon, sauf erreur, n’ont jamais vécu ailleurs que dans le petit monde des politiciens professionnels. Marine Le Pen est juste une fille-à-papa. Quant à Macron, candidat de la banque (au fait, d'où tire-t-il les ressources qui lui permettent de faire campagne en grand ?), qui peut voir un instant, en cet immature paltoquet (Le Robert : « homme insignifiant et prétentieux »), un chef de l’Etat ? 

Pour moraliser la vie politique française, il y a un excellent et efficace moyen : cesser de doter les mandats électifs d'avantages matériels (financiers et autres) si consistants qu'ils ne peuvent que susciter concurrences et rages de convoitise. Cesser de rendre ces postes éminemment désirables pour les ramener à leur fonction originaire : servir le pays en faisant les lois. Cela redonnerait à la fonction parlementaire la signification noble et respectable que des pratiques complaisantes ont avilie et dévoyée. Sans aller jusqu'à assécher complètement le fleuve Pactole, il faudrait en enserrer le débit entre des digues sûres. 

Pour commencer, on pourrait revoir à la baisse le nombre des parlementaires, cesser de les rémunérer avec l’argent public comme s’ils étaient des patrons de PME florissantes (plus de 12.000€ (indemnité + frais de mandat), sans compter les crédits pour payer des collaborateurs : on voit avec Fillon où peut aller cet argent), les obliger à abandonner leur fauteuil de maire s’ils veulent être députés ou sénateurs, leur interdire d'occuper plus d'un poste (Gérard Collomb, qui vient de rejoindre Macron, est à la fois maire, sénateur et président de la Métropole de Lyon : vous trouvez ça normal ?), d’assurer plus de deux mandats d’affilée, les faire retourner à la vie civile après avoir joué leur rôle, sanctionner la moindre absence aux débats, bref, les obliger à descendre de leur piédestal confortable et de mettre pied à terre, et tout faire pour empêcher qu’ils puissent se considérer autrement que comme des personnes ordinaires.

Car le plus choquant dans l’histoire Fillon (après d’autres) est l’impression qu’il a produite de se sentir dans son bon droit, invulnérable, immunisé contre la réalité commune (nous faire le coup de l’indignation, franchement, il nous prend pour qui ?).  La césure entre la caste des politiciens (avec tous ceux qui gravitent autour, en profitent et filtrent ce qui leur arrive de la réalité) et la population française ne sera comblée qu’à ce prix. Malheureusement, mon sentiment intime est qu'elle n'est pas près d'être comblée.

Encore plus choquant : je m’étais senti humilié en tant que Français par la bassesse arrogante d’un Nicolas Sarkozy allant mendier des stylos de luxe dans les rencontres internationales ; je me suis senti humilié en tant que Français par l’indécision pathologique d’un François Hollande, obsédé de faire la « synthèse » et de ne se mettre mal avec personne ; aujourd’hui je me sens humilié en tant que Français par le cynisme impavide d’un François Fillon capable, comme tant d'autres, de laisser la France ridiculisée dans la presse internationale pour les mœurs corrompues de son personnel politique, et indifférent au discrédit moral dont le pays tout entier est l'objet. 

François Fillon, comme les autres, nous fait perdre le sens de la dignité et de l’honneur. François Fillon, qui se prétend homme d’Etat, n’hésite pas à laisser fouler aux pieds l’honneur de la France, qu’il aspire à diriger.

Honte sur lui. Et honte sur nous tous Français, s’il venait à être élu.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 14 décembre 2013

FRANçOIS HOLLANDE ORATEUR

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Je ne prétends pas apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit en soutenant que notre président François Hollande est peut-être très intelligent et bardé de diplômes (Sciences Po, ENA, HEC), mais qu'il souffre d’un véritable handicap : il ne sait pas parler en public. Il est sans doute intellectuellement brillant, mais oralement, il est minable. 

 

Je n’ai jamais déclaré, comme l’a comiquement écrit le journal espagnol El Pais, que la première élection d’Obama pouvait être comparée à « une nouvelle descente du Christ sur Terre », et on peut lui reprocher bien des choses, mais on ne saurait lui dénier un remarquable talent d’orateur. Il sait prononcer à l’occasion (Le Caire, Johannesburg) des discours pleins d’éloquence, pleins de phrases nobles, de périodes brillantes, de formules frappantes. Bon, on me dira que ce ne sont que des discours, et ce n’est pas faux.

 

Mais il se trouve que, jusqu’à une époque pas si lointaine, la politique en France était le fait d’hommes qui savaient écrire et qui savaient composer des discours mémorables, inspirés qu’ils étaient par les immenses exemples de leur passé historique et de l’antiquité gréco-romaine. Et qui savaient à merveille faire ronfler la rhétorique quand ils s'adressaient au peuple.

 

Aucun Grec, aucun Romain n’aurait imaginé ou admis qu’un homme manifestant des ambitions publiques ne fût pas, de ce fait même, un orateur. Ceux qui ont sué sang et eau sur des versions tirées des Orateurs attiques (ça vous dirait, un fragment d'Isocrate ou d'Andocide, là, vite fait sur le gaz ?) en savent quelque chose. L'ambitieux Démosthène s'était lui-même, dit-on, guéri d'un défaut de prononciation en se soumettant à des exercices très contraignants.  

 

Les orateurs de la Révolution étaient pétris de grec, de latin, de Lettres classiques, et Jean Jaurès, paraît-il, a soutenu sa thèse de doctorat en latin. Ces gens-là savaient ce que parler veut dire. Peut-être parce qu’ils savaient écrire : ils avaient appris. Mais ils avaient aussi quelque chose : une vision de l’avenir, une volonté (réelle ou feinte, évidemment) d’édifier pour le corps social tout entier un palais plus ou moins rutilant. On dirait aujourd’hui qu’ils avaient un « projet ».

 

Alors aujourd’hui, demanderez-vous ? Quoi, aujourd’hui ? Que voulez-vous que je dise ? De qui peut-on parler ? Où voyez-vous un projet ? Où voyez-vous un homme d’Etat ? Et même, où voyez-vous un homme politique ? Moi je vois des petits chefs de bande, préoccupés de garder la main sur le troupeau de leur clientèle pour s’en faire réélire la prochaine fois. Je vois des petits chefs de bureau soucieux d’administrer sans trop de heurts le petit espace de leur pré carré, tout en empêchant les bestiaux qui rôdent alentour de venir brouter leur herbe (Barre-toi de mon herbe, dit excellemment un titre de l’excellent F'murr). 

 

Je vois des chefs de service passés au laminoir d’églises à formater les esprits (Sciences-Po, ENA, HEC), qui s’empressent de réciter leurs prières quand ils sont « aux affaires », en espérant qu’elles seront efficaces, même s’ils savent que leurs vœux pieux seront jetés aux orties comme autant de vieilles soutanes quand ils viendront se heurter au mur impassible de la réalité.

 

D’orateur, je n’en vois point. Ce n’est pas avec Jean-François Copé ou François Fillon qu’on pourrait me contredire. Quant à Jean-Luc Mélenchon, si je suis prêt à admettre qu’il lui arrive d’avoir le sens de la formule qui porte ou qui fait mal (« capitaine de pédalo »), je crois qu’on ne peut pas fonder une véritable éloquence sur la manie du coup de gueule. Et ne parlons pas de la désolante platitude dans laquelle s’exprime le premier sinistre, Jean-Marc Ayrault.

 

Quant à Nicolas Sarkozy, ce présumé avocat, cet ancien président qui rêve de redevenir calife à la place du calife, dans toutes les subtilités inventées par les orateurs au cours de l'histoire, sa mémoire n'a retenu que le ton péremptoire pour toute ressource. De Gaulle au moins se donnait la peine d'écrire lui-même ses discours, et par-dessus le marché, il les apprenait par cœur. Sarkozy, sauf erreur, n'a jamais fait que lire la prose comique sortie de la plume de son valet Henri Guaino.

 

Mais après tout, tous ces gens cités savent à l’occasion s’exprimer quand ils sont devant des journalistes ou sur un plateau de télévision. Passons sur le fait que beaucoup se font écrire leurs discours par des nègres quand il s’agit de monter sur une tribune, Président compris. Passés par l’exigeant « Grand O » du concours de sortie, ils sont tout de même rompus aux nécessités de la parole. Certains sont même passés maîtres dans l’art de chantourner la langue de bois.

 

Dans ce troupeau – mortellement ennuyeux, il faut bien le dire –, une exception fait tache. Un mouton noir dépare la collection de conformistes. J’ai nommé François Hollande. Personne ne peut avoir évité de l’entendre s’exprimer sur les ondes, en des circonstances diverses. C’est le pire des orateurs que la France pouvait souhaiter. C’est bien simple, supposez-le ouvrant la bouche sur l’agora d’Athènes ou devant les sénateurs romains, jamais vous n’aurez vu un discoureur recevoir aussi vite autant de tomates et d’œufs pourris. Un record.

 

Sa façon de parler ? Imaginez une belle assiette de spaghetti bien longs sur la table d’une trattoria sympathique non loin de la Piazza Navona. Viendrait-il à l’idée de qui que ce soit, dédaignant la cuillère et s’armant du couteau et de la fourchette, de prendre le risque de les couper en petits bouts sous le regard stupéfait et bientôt hostile de la compagnie ?

 

Eh bien c’est exactement ce détestable cas de figure hypothétique qu’illustre la façon dont notre président s’exprime. Quand il parle en public (pour le privé, je me garderai de dévoiler quoi que ce soit, je suis la discrétion même), ce sont des spaghetti ainsi soigneusement tronçonnés en minuscules copeaux qui sortent de sa bouche. Des segments de quelques syllabes se succèdent, comme de courtes rafales de mitraillette. On peut avantageusement remplacer tout ça par des séries discontinues de « taratata-taratata-taratata ».

 

En tant que Français, je trouve rageant et humiliant d’être représenté sur la scène internationale par un homme qui parle comme on vend une boîte de petits pois à la vieille madame Michu, qui est gardienne d'immeuble au coin de la rue. Un homme qui a l’éloquence boutiquière. Le moindre camelot qui vend son détergent miracle sur le marché est davantage orateur que François Hollande.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 24 mai 2013

QU'EST-CE QU'UN SOCIALISTE ?

 

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COUP D'OEIL SUR LE PARADIS D'UNE VRAIE SOCIÉTÉ SANS CLASSE

 

***

La justice vient donc de condamner Madame Sylvie Andrieux à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Si elle a le culot de faire appel (nous sommes, paraît-il, dans un Etat de droit, donc …), elle n’ira pas en taule, au moins pour le moment. 

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LE PROGRES DU 23 MAI

(notez que "3 ans dont 2 avec sursis" et "1 an ferme", ça ne sonne pas du tout pareil)

Elle appartient à une formation qui fut il y a bien longtemps pressentie pour « porter » les aspirations d’une foule de croyants de gauche espérant l'avènement d'un monde meilleur (s'il vous plaît, on veut quelques miettes du gâteau), qui ont persisté dans leur aveuglement en élisant François Hollande, et qui ont attendu stupidement, après l’avoir élu, que des instituts de sondage leur tendent le micro pour dire tout le mal qu’ils pensent désormais de celui-ci et qu’on ne les y reprendra plus. Trop tard ! Ils n'avaient qu'à pas !

 

La formation à laquelle appartient Sylvie Andrieux ? Mais c’est le Parti « Socialiste », voyons ! Cela vous dit quelque chose, PARTI SOCIALISTE ? Celui-là même de Jérôme Cahuzac (le Chevalier blanc,  la Terreur des fraudeurs). Celui de Jean-Noël Guérini, de Dominique Strauss-Kahn, de Jean-Pierre Kucheida (condamné à 30.000 euros d'amende pour abus de biens sociaux), de Julien Dray, collectionneur de montres, de Jean-Michel Boucheron, ancien maire d’Angoulême, de Joseph Delcroix (affaire Urba Gracco), de … etc.

 

Voilà l’état de cette « gauche », passée maîtresse dans la pratique de la distorsion qui oppose les mots et les choses, les mots ayant fini par « s’incliner devant le principe de réalité ». Pour dire la même chose, en clair et en bon français, elle a fait comme le Général Dumouriez le 5 avril 1793 quand il passa à l’ennemi avec armes et bagages. On peut résumer le Parti « Socialiste » au comportement de Dumouriez sous la Révolution.

 

Traduit en réalité politique d’aujourd’hui, ça veut juste dire que le Parti « Socialiste » s’est converti comme un seul homme à l’économie de marché. Il appelle cette opération « changer de logiciel », pour faire moderne et branché. Pour appeler un chat un chat, disons qu’il a trahi, et puis c’est tout. Ben oui, j’ai voté François Mitterrand en 1981, je ne me le suis jamais pardonné, et mes doigts portent encore les plaies que je m'y suis infligées pour les avoir longtemps mordus.

 

Quand certains osent aujourd’hui sans rire soutenir qu’il y a en France une « gauche » et une « droite », de deux choses l’une, ils sont soit des cons, soit des salauds. Aveugles ou menteurs, choisissez.

 

UMP et PS ne sont plus des partis politiques, ce sont des entreprises qui se disputent un marché, et qui règnent tour à tour sur un peu plus ou un peu moins de la moitié de la population, que celle-ci ait voté ou non. La différence entre ces deux entreprises, c'est la place des virgules dans le programme. Et les noms des patrons.

 

Il n’y a donc plus de gauche en France, malgré les rodomontades et l’esbroufe d’un Jean-Luc Mélenchon. La scène « politique » en France est dominée par deux « partis » de droite, l’un pas trop loin du Front National, l’autre plus près d’un « centre-droit » genre « chrétien-social ».

 

La preuve que le Parti « Socialiste » est désormais carrément de droite, c’est que l’UMP s’est « extrême-droitisé », comme le montre la « Droite forte » de messieurs Buisson, Peltier et consort, qui attaque NKM parce qu’elle s’est juste abstenue dans le vote de la loi instaurant le mariage homosexuel. Plus le PS ressemble à l'UMP, plus l'UMP, pour se différencier, est obligée de ressembler au Front National. C'est donc la faute des socialistes.

 

A moins que ce ne soit la faute de la population française en personne. Car s’il n’y a plus de « gauche » en France, c’est peut-être, tout simplement parce que la population elle-même a progressivement glissé à droite, après tout : qui ne rêve d’être propriétaire de son logement ? Or on ne saurait être communiste et propriétaire de son logement, contrairement à ce que me soutenaient « les yeux dans les yeux » (c'est à la mode) DB et JLM, qui avaient le culot indécent de se déclarer communistes.

 

Habitant un bel immeuble du quartier le plus bourgeois et le plus chic de Lyon (tout près du Boulevard des Belges et du Parc de la Tête d'Or), « Je suis en lutte », m'avait-elle dit un jour avec une sorte de jubilation, et dans son tailleur très classieux et très cher qu'elle arborait, avec son accent des Pyrénées, ne comprenant pas pourquoi je lui avais éclaté de rire au nez. Voilà : des bourgeois, ni plus ni moins. Il y a des chances que ce soit le rêve d’une majorité de la population française qui n’a pas encore accédé. Qu’est-ce qu’elle veut la population ?

 

Rien que du normal : un peu de confort, un peu de sécurité, un peu de moyens financiers, pouvoir consommer – oh, rien d’excessif. Pouvoir changer la voiture, la télé, le smartphone (il faut rester à la page). Refaire la cuisine. Rien d’excessif, une vie de petits bourgeois.

 

Comment une telle population voterait-elle encore à gauche ? Certains osent encore se proclamer communistes ? M'enfin, ce n'est pas sérieux ! C'est pour ça que les partis « de gouvernement » sont obligés de suivre le mouvement sur les courbes des sondages et de « changer de logiciel ». Ben oui, c'est humain : il faut penser aux élections. C'est ça, la démocratie ?

 

Pour l’essentiel, la société a viré à droite. Ceux qui persistent contre toute vraisemblance à se proclamer « de gauche » se sont lâchement rabattus sur des « causes » non plus politiques ou sociales, mais sociétales : la défense des sans-papiers, des sans-logement, des immigrés, l’enthousiasme pour le mariage homosexuel (j'attends qu'on m'explique pour de bon ce qu'il y a de gauche dans cette revendication), contre le machisme, l'islamophobie, l'homophobie, pour la création de RESF pour empêcher l’expulsion des enfants d’immigrants illégaux. Tout ça que les journalistes appellent « les associations ».

 

Des « causes » non plus réelles, mais réduites à leurs discours obsessionnels. Des « causes » qui ne font plus courir aucun risque à personne, à commencer par ceux qui les défendent. Des « causes » qui causent, pérorent, dégoisent et jaspinent, faites pour intimider et impressionner l'adversaire. Mais des « causes » inoffensives, qui ne sauraient porter à conséquence dans la réalité des choses. L'univers omniprésent du bla-bla démocratique, républicain. Définitivement insignifiant.

 

En gros, cette « gauche » tient le raisonnement suivant : « Puisque nous avons renoncé à changer les choses et le monde, changeons le sens des mots, et appelons « de gauche » tout ce qui se rapporte aux « Droits de l’homme », à l’ « égalité des droits », et tout un tas de paroles purement verbales qui ne font de mal à personne, tout en anesthésiant les consciences ». Bande d'hypocrites ! Au point que quand un Chinois (ci-dessous) ou une autre « belle âme » accuse la France, c’est toujours au nom des « droits » en général et des « Droits de l’homme » en particulier.  Tout cela ressemble évidemment à de la gauche comme le Canada Dry à de l’alcool.

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Ce que je ne comprends pas, c’est la raison pour laquelle le Parti « Socialiste » persiste à vouloir par-dessus tout être catalogué « à gauche ».

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mardi, 15 mai 2012

VOTE FRONT NATIONAL ? FAITES-LE TAIRE !

Ceux qui viendraient lire ce billet parce qu’ils pensent trouver l’expression d’une horreur absolue à l’égard des thèses du Front National doivent être prévenus : ils seront déçus. Ceux qui espéreraient au contraire y trouver un éloge des mêmes thèses en seront pour leurs frais. Mon propos est ailleurs.

 

Si Marine Le Pen a des convictions et des « théories », ce que je peux en connaître me fait dire que tout ça manque de sérieux. En revanche, la muselière que le système politique, paraît-il républicain, accroche au museau de ces chiens d’électeurs du Front National me semble une grave anomalie.

 

Je veux ici m’étonner contre cette anomalie incompréhensible, s’agissant de ce qu’il faut appeler, faute de mieux, la démocratie. Ma question est la suivante : « Qu’est-ce que la représentativité ? ». Le principe par lequel le représentant représente. C’est bête, va-t-on me dire. Oui et non. Est-ce que les électeurs du Front National sont représentés politiquement ? Non. Ce n’est pas normal.

 

On est d’accord, Marine Le Pen, c’est salissant, c’est vilain, c’est sûr que ça ne se fait pas, une immondice pareille. Pierre Marcelle, le beau démocrate de Libération, proposait même très récemment de l'interdire. Charlie Hebdo, roi de la bonne conscience et de la bien-pensance « de gauche », se contente, au milieu d'une page, de dessiner une grosse merde légendée Marine Le Pen. Bel exemple de lucidité, sans doute « de gauche ».

 

Mais bon, c’est comme ça, et n'en déplaise à tous ces démocrates de bazar : Marine Le Pen, ça fait 17,9 % au premier tour de la présidentielle. Je signale doucement que trois semaines après le premier tour, silence radio, c’est comme si Marine Le Pen n’avait jamais existé. « Je vous assure, mon cousin, vous avez dit "bizarre, bizarre". – Moi, j’ai dit "bizarre" ? Comme c'est bizarre ! ».

 

Vomir le Front National, c’est devenu aujourd’hui le PGCD (plus grand commun dénominateur) de ceux qui forment le cordon sanitaire contre la « peste brune » appelé « front républicain ». Jean-Luc Mélenchon participe à l’enfumage : admirez le héros de caméra que je suis, qui ose aller défier Marine Le Pen dans son fief (le mot « fief », prononcé par un journaliste, a un délicieux parfum de moyen âge).

 

La fable, comme a raison de le susurrer Martine Aubry, est évidemment destinée à occuper les petits enfants dans le bac à sable des médias (qui détestent le « populisme » d’où qu’il vienne, comme on sait, mais qui raffolent de son effet extraordinaire sur l’Audimat, et donc sur les tarifs imposés aux publicités).

 

L’hypothèse des « démocrates », c’est que les gens qui ont voté pour Marine Le Pen ne sont que des dégénérés. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sauraient être considérés comme des vrais et bons Français. Et c’est vrai qu’à l’arrivée, on peut se demander. Le consensus. Zéro député Front National. On a tiré la chasse d’eau. Six millions de gens, d’abord traités en « citoyens » (avant l’élection), disparaissent dans la trappe. Escamotée, la « démocratie ». 

 

Réfléchissons un peu : comment les commentateurs expliquent-ils les 17,9 % de Marine Le Pen au premier tour ? Primo – Par l’angoisse sociale de gens précarisés. Secundo – Par la peur de la mondialisation et le besoin de repli sur soi. Tertio – Par le sentiment du déclassement identitaire face à des populations venues d’ailleurs, avec des mœurs inassimilables (autrement dit, la xénophobie, il paraît).

 

Ce n’est peut-être pas faux. Mais il n’y a pas que ça. Pourquoi, en 2007, Nicolas Sarkozy a-t-il réussi à « siphonner » les voix des électeurs de  Jean-Marie Le Pen ? Parce qu’en utilisant ses thèmes dans ses discours, il a, en quelque sorte, promis de les traiter dans la réalité s’il était élu. Quoi d’étonnant à ce que ces électeurs se soient sentis trahis par le petit homme, cinq ans après ? Et le lui fassent payer ? Ça marche une fois, pas deux.

 

Si les gens qui veulent se faire élire se contentent d’être des hypermarchés, sur les rayons desquels ils promettent à toutes les catégories de la population qu’elles trouveront l’intégralité des variétés de yaourts, et qu’à l’arrivée, au lieu de la diversité des produits, on se retrouve dans un magasin soviétique, avec seulement des yaourts aux morceaux de mûres (« c’est comme ça et pas autrement », variante du célèbre « there is no alternative » de Margaret Thatcher), c’est forcé qu’ils le désertent, l’hypermarché.

 

Les électeurs du Front National qui ont voté Sarko en 2007ont bien vu qu’il n’était qu’un de ces « camelots bavards qui vous débitent leurs bobards » (Yves Montand, Les Grands boulevards). Et ils n’ont aucune envie des morceaux de mûres. La vie politique française, c’est exactement ça.

 

On croit être dans « la vie Auchan ». En réalité, on est devant la vitrine de ce magasin de chaussures pour femmes contemplée avec stupéfaction au centre de Bucarest à l’été 1990, juste après la fin de Ceaucescu et du « communisme » : à des dizaines d’exemplaires, rangés comme un bataillon de Coréens du Nord à la parade (ou comme les croix militaires du cimetière de Douaumont), un seul et unique modèle à haut talon, recouvert d’une sorte de papier à motifs roses. Une sorte d’uniforme, quoi. 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

A suivre.

mercredi, 18 avril 2012

N'AYEZ PAS PEUR !

Allez, aujourd'hui, je reviens à l'actualité.

 

 

J’en ai soupé depuis le début, de l’élection présidentielle, depuis qu’elle a commencé, non, depuis qu’elle a été annoncée, non, depuis que son profil impérieux s’est imprimé au loin sur l’horizon de la « République Française ». Le vainqueur sera-t-il Monsieur MENTEUR EN CHEF  (NICOLAS SARKOZY) ? Sera-t-il Monsieur CHAMPION DES BLUFFEURS (FRANÇOIS HOLLANDE) ?

 

 

En tout cas, les professionnels du brassage de vent que sont les entrepreneurs de sondages nous le promettent : n’ayez pas peur, ce sera « bluffeur » ou « menteur ». Le premier tour est plié, on vous dit. Moi, je vous le dis, si je votais, ce que je n’ai pas l’intention de faire, j’apporterais ma voix à un des candidats que les sondeurs créditent actuellement d’environ 1 % des voix. C’est vous dire si ce serait un « vote utile ».

 

 

Vous aimeriez que je vous dise, hein, bande de curieux. N’ayez pas peur, je vais vous le dire : si je votais, ce serait pour le seul qui ne bluffe pas, même si l’on peut trouver qu’il rêve un peu : NICOLAS DUPONT-AIGNAN.

 

 

C’est le seul à ne pas baratiner (avec POUTOU ?). C’est le seul (avec MELENCHON ? Avec LE PEN ?) à mettre à son programme l’abrogation de la loi de 1973, qui oblige l’Etat français à emprunter au prix fort aux banques privées, aux dépens des contribuables, et qui lui interdit d’emprunter à 0 % à la Banque de France. C’est le seul à voir où il reste encore quelques traces de ce qu’on appela autrefois l’aujourd’hui défunte « souveraineté nationale ».

 

 

Ceux qui n’en parlent pas, de deux choses l’une : soit ils ignorent totalement ce point, soit ils ne veulent surtout pas toucher au système (rappelez-vous SARKOZY annonçant une grande offensive contre les paradis fiscaux, dont les paradis en question se gondolent encore). En tout cas, quand j’ouvre les écoutilles sur la présente « campagne », ça me les pollue vilainement, les écoutilles, car j’entends du blabla, et encore du blabla.

 

 

C’est à qui bonira les plus belles craques de camelot. Pour les gens surpris par « bonira », je rappelle qu’OSS 117, le vrai, celui de JEAN BRUCE, s’appelle, de son « vrai » nom, Hubert Bonisseur de la Bath. Or le « bonisseur » (même racine que boniment), c’est le gars, en général jovial et sympathique, qui est fait (parce qu’il dégoise à merveille) pour vous vendre, sur les marchés, le produit vaisselle miracle, le coupe-légumes miracle, la serpillière miracle. Je propose de traduire la vraie fonction du personnage par la vieille expression : « Vous me la baillez belle ».

 

 

Autrement dit : « Mon œil ! ». Et cette campagne, c’est la foire aux bonisseurs de la bath. Quoi, ça a toujours été ? Bien sûr ! Mais ce qui change, aujourd'hui, c'est le côté abyssal du décalage entre les mots et la réalité. Ils ont beau se dire "modernes", les candidats usent (médias à l'appui) de ficelles archaïques. De ficelles usées jusqu'à la la corde, si l'on me pardonne l'expression.

 

 

Dans ce flot de blablateries et de trouducuteries, il arrive cependant que les quatre pattes fatiguées de mon œil morne dressent un moment l’oreille, au détour d’une phrase. C’est ainsi que s’est dessiné, sur le champ de labour de ma pauvre face ravinée par les pluies de promesses démagogiques, épuisée du spectacle donné par les deux clowns « principaux » qui s’efforcent, à grands coups de cabinets de communication, de faire rire le public enfantin, infantile et puéril réuni autour d’eux, au choix, sur le parking de la Concorde ou sur le parking de Vincennes, le dernier des rares sourires crispés qu’est arrivée jusque-là à me tirer cette « campagne » (pour ceux qui ont du mal avec cette phrase, "sourires" est sujet du verbe "s'est dessiné").

 

 

Ce fut une phrase prononcée par NICOLAS SARKOZY, dimanche 15 avril. C’est d’ailleurs ce qui me fait dire que si le comble du culot et du mensonge cynique portait un nom, ce serait celui de l’actuel président, dont le patrimoine personnel a augmenté, durant son quinquennat, de 600.000 euros (et le pouce). Tudieu, c'était donc ça, le « Travailler plus pour gagner plus » ! C'était donc ça, bugne que j'étais !

 

 

Il y eut, rappelez-vous, JEAN JAURÈS, GUY MÔQUET, LEON BLUM et quelques autres. Et là, qu’est-ce qu’il ose sortir ? La première parole qu’ait prononcée JEAN-PAUL II après son élection, place Saint-Pierre : « Non abbiate paoura ! ». « N’ayez pas peur ». Et SARKOZY l’a dit, il a osé le dire, il n’a pas eu honte, puisqu’il n’a tellement honte de rien qu’on peut dire que c’est un « SANS VERGOGNE ». Il a dit : « N’AYEZ PAS PEUR ». Sauf que là, il le dit avant l’élection. Ça laisse un espoir ?

 

 

 

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EH, LES MAMIES, IL NE VOUS FAIT PAS PEUR, CE TYPE ? 

 

C’est une démarche assez désespérée, je trouve. Oui, je sais, le but, c’est de donner successivement à toutes les catégories de la population l’impression qu’on s’adresse à chacune en particulier. Mais à force de piocher, de prendre du fourrage sur toute l’étendue de la mangeoire électorale, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche en passant par la religion, vous ne croyez pas qu’à la longue, les électeurs de droite, de gauche, de devant et de derrière vont avoir du « shimmy » dans la vision (capitaine Haddock, Les Bijoux de la Castafiore, p. 50, je tiens à être précis dans le choix et la source de mes références) ?

 

 

Du trouble dans le bulletin de vote ? Du pêle-mêle dans la réception du message ? A force de vouloir représenter à lui tout seul l’intégralité de l’offre électorale, tout ce qu’il réussit à faire, NICOLAS SARKOZY, c’est de transformer la campagne en hypermarché. Pas sûr que la demande suive, parce qu’à la longue, ça finit par gaver. N’ayez pas peur. NICOLAS SARKOZY, quoi qu’il arrive, continuera à FAIRE SEMBLANT de s’occuper de tout.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A finir demain.

 

 

vendredi, 11 novembre 2011

HYMNE A LA POLITIQUE

(FANTAISIE INACTUELLE)

 

Il était une fois, au pays des plaisirs,

Des tables très bien mises et des mille loisirs,

Un roi qui s’ennuyait, qui, pour tromper le temps,

Tel un vibrion fou, bougeait à chaque instant.

 

Tout, en lui, frétillait, bronchait, se démenait,

Tout se contorsionnait, courait, ruait, piaffait.

L’épaule s’agitait, l’œil roulait sur lui-même,

Le corps entier sautait de problème en problème.

 

Oui, tel un étalon ivre de sa puissance,

Il battait la campagne et parcourait la France,

C’était son obsession, son hobby, sa marotte.

Discourant en usine, ou bien dans les popotes,

 

Il haranguait la foule en prêchant la vertu,

Pérorant d’abondance en homme convaincu.

Postillonnant ses vérités catégoriques

 Il était plein d’orgueil, et un brin fanatique.

 

« Quoi ! Nous avons élu ce pitre, ce fantoche ! »,

Se lamentait le peuple, indigné du cinoche

Auquel se complaisait le président français,

Se promettant bientôt, après tant de méfaits

 

Commis en peu de temps par l’odieux personnage,

De le renvoyer paître en ses verts pâturages.

Hélas, trois fois hélas, personne face à lui

Ne semblait en mesure, ou trop peu aguerri,

 

Ou trop peu sérieux, de pouvoir lui contester

Le fauteuil principal, la place de premier.

Une Marine aura le « front » de la briguer,

Forte de l’oncti-on paternelle héritée.

 

Mais peut-on se fi-er, sans traumatisme aucun,

A la main inexperte, aux choix inopportuns,

A la vindicte, aux préférences nationales,

Aux xénophobes, aux replis, aux mercuriales ?

 

Quant à ce triste « Sir », FRANÇOIS quand il lui plaît,

HOLLANDE quand le vent, carrément retourné

Comme un gant de cuir jaune, ou bien comme une couette,

Lui souffle allègrement des airs de girouette,

 

Voulez-vous faire fond sur ses patelinages,

Ses airs de bon élève, à l’œil de racolage ?

Socialiste aujourd’hui mais libéral demain,

Comment faire confiance à ce Français moyen ?

 

Flanby, homme propret, conviendrait à merveille

Pour diriger demain l’école maternelle.

Mais lui confier la France ? Perdîtes-vous l’esprit ?

Reprenez-vous, de grâce, admettez mon avis.

 

Alors voterons-nous pour JEAN-LUC MELENCHON

(Est-il descendant de PATERNE BERRICHON ?*),

Le tribun, l’orateur, le foudre d’éloquence,

Qui jure ses grands dieux de redresser la France ?

 

La redresser ? Quoi donc ? Mais tous, ils y aspirent.

Tous, ils chantent très fort, rêvent de rebâtir

La Nation forte en gueule et riche de jurons.

Qui leur ferait crédit ? Souffleurs de mirlitons !

 

Tous porteurs de postiche ! Et tous vrais arlequins !

Prestidigitateurs flétris ! Tous cabotins !

Ils nous la baillent belle, avec leurs grands serments,

Leurs mots définitifs, leurs mirifiques plans !

 

Pour moi, j’ai dès longtemps délaissé leurs estrades,

Leur grimace à l’air faux et leurs fanfaronnades :

« J’irai chercher Croissance en jouant de mes dents »,

Disait l’autre avorton, ce nouvel Artaban.

 

Electeur déniaisé, crois-en mon expérience,

Si l’un qui veut la place y voit l’unique chance,

Pour lui, enfin, de naître à la seule existence

Valant d’être vécue, vois, c’est sans importance.

 

Avec raison, dis-toi qu’il est bien malheureux,

L’homme qui court sans cesse après le fallacieux.

Qu’il entre dans l’histoire, ou qu’il en soit chassé,

Que t’importe sa course ? Que te chaut sa pensée ?

 

Laisse courir son ambition avec la poudre

Du chemin, vois cette poussière se dissoudre.

Reste chez toi, ferme les yeux sur le spectacle.

Reste bien en repos, nul ne fait des miracles.

 

Dis-toi : « La vie qu’il a choisie n’est pas la mienne ».

Dis-toi qu’il n’y a pas de promesse qui tienne.

Et la prochaine fois qu’à grands coups, la trompette

T’appelle vers une urne qui fait la coquette,

 

Crois-moi, reste chez toi, ou bien va à la pêche.

Il faut aussi te cuirasser contre le prêche.

Pour cela, rien de mieux que le lit conjugal,

Donne et prends du plaisir au degré maximal.

 

Car c’est jusqu’à présent l’un des plus sûrs moyens,

Sans vouloir être un poids pour ses contemporains,

D’accéder au bonheur simple d’être vivant.

En attendant la mort, profitons du bon temps.

 

 

* PATERNE BERRICHON fut le beau-frère et l'éditeur d'ARTHUR RIMBAUD.

 

 

NOTE À BENNE : en ce 11 novembre, ayons une pensée pour les victimes du génocide européen de 1914-1918. Vous pouvez faire un petit détour par les articles que je leur ai consacrés en 2007 sur mon blog KONTREPWAZON. Vous cliquerez sur la catégorie Monuments aux morts (colonne de gauche).

 

 

On peut aussi s'arrêter dans les villages, pour voir le nombre de noms de la même famille qui sont gravés sur le flanc ou sur la face du monument. Il y eut, en tout et pour tout, dix-sept communes qui n'eurent pas à graver les noms des garçons du patelin sur le monument aux morts. Ils n'érigèrent même aucun monument. Parce qu'aucun garçon, ou bien ne fut appelé, ou bien ne fut tué.

 

 

Certains grands généraux français firent pilonner la tranchée française de première ligne, pour obliger les poilus à attaquer. Il leur suffisait de donner l'ordre à l'artillerie (française) de raccourcir ses tirs. Ce sont autant de CRIMES DE GUERRE. 

 

 

Le souvenir de ces criminels qui ne furent jamais jugés me fait irrésistiblement penser aux grands généraux européens qui, en cet instant même, dirigent les opérations, dans la guerre qui se mène aujourd'hui contre l'Europe. Ils sont en train d'ajuster les tirs de l'artillerie financière sur les tranchées où se sont réfugiés les peuples. 

 

 

Quel avenir pour les peuples européens ? Jugera-t-on les criminels ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.